Les temples d’Abou Simbel

Abou Simbel, deux temples sauvés des eaux

À 280 km au sud d’Assouan, sur les rives du lac Nasser, Abou Simbel est un complexe de deux temples mythiques à l’histoire rocambolesque, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Construits dans la roche, ils ont été déplacés dans les années 1960 afin de ne pas être engloutis par le barrage d’Assouan alors en construction. Édifiés sous le règne de Ramsès II, le célèbre pharaon de la XIX^e dynastie, l’un est dédié au dieu Amon Ré et au pharaon Ramsès II et l’autre à Hathor et Néfertari, sa première épouse. Les temples d’Abou Simbel sont les vestiges archéologiques les plus importants et les mieux conservés de Nubie et ils témoignent de la grandeur de l’Égypte antique même s’ils sont plus confidentiels que les pyramides de Gizeh.

L’édification des temples d’Abou Simbel

Dès le début de son règne, le pharaon du Nouvel Empire Ramsès II entame l’édification des temples d’Abou Simbel en Haute Égypte. Nous sommes alors aux alentours de 1260 av. J.-C., peu après la victoire du pharaon sur les Hittites à la bataille de Qadesh en 1275 avant notre ère. Les bas-reliefs du grand temple rappellent les détails de cette bataille lors de laquelle le pharaon, acculé, trouve un char abandonné qui lui permet de renverser le cours de la bataille et de la gagner.

Mais alors pourquoi construire ces temples en Nubie, bien loin du royaume hittite situé dans l’actuelle Syrie ? Notons qu’à chacune de ses victoires militaires au Levant, Ramsès II fera construire de nouveaux temples, statues ou villes. Il poursuit ainsi l’œuvre de son grand prédécesseur et modèle, Amenhotep III qui avait bâti des sanctuaires en Nubie. Il faut dire que la Nubie représente alors un carrefour stratégique pour l’Égypte antique, porte d’accès vers le sud de l’Afrique et ses mines d’or et de pierres précieuses. Rappeler à cette province nubienne éloignée, la domination du pharaon est donc un objectif politique essentiel, un outil de propagande et d’intimidation.

L’architecture des temples d’Abou Simbel

Ce sont les vice-rois de Nubie qui ont été chargés des travaux de construction des deux temples d’Abou Simbel. Lors de leur édification, ils se trouvaient sur les rives du Nil, creusés dans deux mamelons rocheux avançant vers le fleuve sacré. Ces deux temples ont la particularité d’être taillés dans la roche : les archéologues les nomment des spéos ou des hémispéos lorsqu’ils sont à la fois taillés dans la pierre et pourvus de maçonneries extérieures. Ainsi le temple de Ramsès II est-il un hémispéos et celui de Néfertari un spéos. Notons la déification du pharaon et de son épouse que sous-entend la construction des temples d’Abou Simbel, quatre statues colossales de Ramsès II ornant la façade du grand temple et deux statues de Néfertari encadrant l’entrée du petit temple.  

La sauvegarde des temples d’Abou Simbel

Redécouverts en 1813 par un historien suisse, les temples d’Abou Simbel semblent voués à la submersion par le projet de construction du barrage d’Assouan en 1960. Pour les sauver, un projet international sous l’égide de l’UNESCO est lancé : le site sera démonté bloc par bloc de dix à vingt tonnes (1042 blocs au total) et surélevé de 64 m. Ce travail titanesque, unique dans l’histoire de l’archéologie, mobilise pendant 4 années plus de 3000 archéologues, historiens, ingénieurs, architectes et ouvriers venus d’une trentaine de pays. Des routes, une centrale électrique et plus d’un millier de logements sont construits. Finalement le nouveau site est inauguré le 22 septembre 1968.

Crédits photos © Dmitrii Zhodzishskii © Massimo Pizzotti © Aussieactive © Andy