Chanteuses du Cap-Vert

Musiques du Cap-Vert

Cesaria Évora : l’ambassadrice du Cap-Vert

Sa voix inimitable, ses chants nostalgiques et sa mélancolie envoûtante ont fait de Cesaria Évora une légende parmi les chanteuses du Cap-Vert et une ambassadrice internationale de son archipel. Sorti en 1992, son titre Sodade a fait le tour du monde.

Celle qu’on surnomme la diva aux pieds nus naît en 1941 à São Vicente, la ville où elle s’est éteinte le 17 décembre 2011 à l’âge de 70 ans. Cesaria grandit dans une famille pauvre, entourée de ses 4 frères et sœurs. Suite au décès précoce de son père, elle est placée dans un orphelinat où elle prend des cours de chant. De ce père guitariste et violoniste, Cesaria Évora hérite l’amour de la mélodie et elle commence comme chanteuse dans des petits bars locaux. Mais avec l’indépendance du Cap-Vert en 1975, de nombreux bars et salles de concert sont contraints de fermer et Cesaria se retire de la scène. Après une dizaine d'années d'absence, sa carrière est prise en main par le producteur français originaire de son village au Cap-Vert, José da Silva. Avec le fondateur du label Lusafrica, elle signe plusieurs disques mais il lui faudra attendre son quatrième album, Miss Perfumado, pour se faire connaitre du grand public avec sa chanson Sodade, qui relate l'histoire des esclaves capverdiens du temps de la colonisation portugaise.   

Le succès est alors au rendez-vous. En 1999, l’album Café Atlantico est couronné par une Victoire de la musique. Et ce sont 4,5 millions de disques vendus dans le monde jusqu’à aujourd’hui, dont 2 millions en France.

Le chant du Cap-Vert

Avec sa sincérité poignante et sa voix rauque et nonchalante, Cesaria Évora a popularisé la morna, le chant typique du Cap-Vert auprès du public mondial. Un chant qui exprime la solitude et la tristesse, la « saudade » des Portugais et Brésiliens.

De cet archipel aux dix îles, Cesaria Évora n’est pas l’unique chanteuse internationale. Natifs ou originaires de la diaspora, le Cap-Vert a enfanté une génération de musiciennes ayant grandi dans l’ombre de la figure tutélaire de Cesaria Évora. Voici une sélection de chanteuses capverdiennes dignes de lui succéder.

Chanteuses héritières de Cesaria

Figure de proue de cette génération de chanteuses capverdiennes, Mariana Ramos a débuté sa carrière avec d’anciens musiciens de Cesaria Évora comme Rufino Almeida, alias Bau à la guitare et surtout Toy Vieira (guitare, cavaquinho, piano, bongos…) à la direction musicale. Avec sa voix légèrement enrouée, la chanteuse qui a grandi en France est parvenue à se faire couronner reine de la morna en quelques années à peine…

Parmi ces voix actuelles, il faut également compter avec la chanteuse capverdienne Mayra Andrade qui évolue entre le Cap-Vert, Paris, Lisbonne, le Brésil et Cuba. En 2019, elle sort un album aux sonorités africaines et moins pop que le précédent et chante aussi bien en créole capverdien qu’en français, portugais ou anglais. S'affranchissant de la figure tutélaire de Cesaria, elle produit une musique actuelle à son image, sensuelle et urbaine.

Enfin Elida Almeida. Originaire d’un milieu rural de l’île de Santiago au Cap-Vert, la chanteuse sait tout faire : elle écrit, compose, chante et signe sa première composition alors qu’elle est encore lycéenne. Mettant en paroles une sorte de blues capverdien imprégné de mélancolie insulaire, Elida Almeida chante l’amour, les grossesses précoces, les fiancées déjà veuves… l’histoire des jeunes de la petite île de Santiago où elle est née. Remarquée par le producteur José da Silva et son label Lusafrica en 2014, comme Cesaria Évora, la chanteuse est aujourd'hui une artiste reconnue sur la scène internationale comme capverdienne. Un parcours somme toute très similaire : la boucle est bouclée !

Crédits photos © Gabriel Bezerra © DR © Alex Paganelli