Rendez-vous en terre inuite

Eskimos, Esquimaux ou Inuits ?

La terminologie française Esquimaux (Eskimos selon l’orthographe anglaise) désignait les peuples autochtones de l’Arctique vivant au Groenland, en Alaska, en Sibérie orientale et dans le Grand Nord canadien. Ce terme a été popularisé par les explorateurs polaires du XIXe siècle pour désigner principalement les Inuits - qui constituent la majeure partie de ces populations - et les Yupiks ainsi que les autres peuples du Grand Nord, sans distinction. Aujourd’hui ce terme, considéré comme discriminatoire, n’est plus usité. Nous parlerons donc des Inuits du Groenland.

Chasse, pêche et culture : une vie d’Inuit

On imagine volontiers les Inuits vivant sur la banquise et habitant dans des igloos. Loin de ces clichés, les Inuits se sont insérés pleinement dans la modernité sans renier leurs traditions. Immersion chez les Inuits du Groenland, dans une société en pleine transition.

Dans le village de Tiniteqilaaq, qui compte à peine 130 habitants, comme partout au Groenland, les hommes ont la chasse dans le sang. De père en fils. Pas un qui ne possède son bateau pour partir en mer et par là même nourrir sa famille et gagner un salaire. Car pêcher reste souvent leur seule source de revenus. Ce mode de vie traditionnel des sociétés inuites du Groenland - la chasse s’opère aussi bien l’été que l’hiver à travers les plaques de banquise où des trous sont creusés ou entre les icebergs - fait partie de la culture polaire inculquée dès le plus jeune âge. On voit partout sécher du poisson et des morceaux de phoques autour des maisons. Le reste de la pêche qui ne servira pas à la consommation personnelle est traité à l’usine du village, débité en filets qui seront congelés afin d’être exportés en bateau depuis Tasiilaq, la septième ville du Groenland avec à peine plus de 2000 habitants. Plus d’une centaine de tonnes de loups de mer, cabillauds et flétans sont traités tous les ans.

Cette pratique quasi industrielle n’a pas quarante ans. Avant l’ouverture de l’usine, le poisson était séché et salé par les pêcheurs eux-mêmes qui le vendaient de village en village par cabotage. Aujourd’hui l’usine, gérée par Royal Greenland, une société contrôlée par l’État, paie chaque pêcheur au kilo de poisson pêché. Des revenus très fluctuants pour une vie rude où les accidents ne sont pas rares et endeuillent presque chaque famille au Groenland, comme l’ancienne Première ministre, Aleqa Hammond, dont le père a été tué lors d’une expédition de chasse à la baleine en tombant à travers la glace.

L’enjeu écologique par le biais des quotas de pêche imposés par l’Union européenne vient entraver la pérennité d’une vie faite de chasse et de pêche. La commission baleinière a accordé aux habitants du Groenland au titre de la chasse aborigène une autorisation dérogatoire depuis 2014. L’ours blanc n’échappe pas à la réglementation : la vente de peau d’ours blanc, de corne de narval, de viande de baleine et de phoque est interdite, ce qui restreint ces chasses à une simple consommation personnelle.

La banquise fond, les Inuits restent

Les Inuits sont particulièrement affectés par le réchauffement climatique qui touche le Groenland avec force. Celui-ci entraîne deux problèmes distincts qu’ont analysés les géographes Rémy Marion et Farid Benhammou. Tout d’abord les icebergs qui se détachent des glaciers côtiers diminuent de taille - pas plus de 40 m de haut - et leur dérive vers le sud dérange les embarcations de pêche mais aussi les ravitaillements en alimentation et pétrole effectués par bateau. Mais aussi la diminution de la banquise ou plus exactement sa fragilité due à sa faible épaisseur gêne les chasseurs qui ne peuvent s’y aventurer en sécurité que de février à avril (auparavant la mer gelait en décembre pour fondre en juin). La période de chasse s’en trouve considérablement réduite alors que la viande de phoque, de baleine ou de renne permettait jusqu’alors aux familles de subsister.

Aussi les petits villages qui possèdent tous un héliport, un dispensaire, une école primaire et une antenne relais, ne peuvent-ils survivre sans les subventions du Danemark : 520 millions d’euros par an, soit un quart du PIB groenlandais. Et si le réchauffement climatique fait espérer de futurs revenus miniers ou pétroliers qui permettraient une véritable indépendance, rien n’est encore exploité.

Les Inuits face à la modernité

Face aux difficultés, le mode de vie traditionnel des Inuits du Groenland se perd. Les jeunes, partis étudier en pension en ville à partir de 16 ans, reviennent rarement au village. Les programmes scolaires ont été revus et les professeurs envoyés du Danemark n’invitent plus en classe les chasseurs qui venaient enseigner autrefois quelques rudiments : distinguer les traces des animaux, guider un attelage, construire un harpon. La jeunesse inuite subit de plein fouet une véritable angoisse existentielle.

Alors les Inuits se reconvertissent. Nombre d’entre eux se lancent dans le tourisme. Dans les villages, certains habitants consacrent une chambre à la location touristique. Dans les petites villes, des gîtes ou des hôtels ouvrent et emploient parfois jusqu’à 30 salariés comme à Tasiilaq. Mais ce sont aussi des randonnées en traîneaux à chiens qui permettent de rentabiliser un équipement qui sert aussi à chasser. Cet appel d’air du tourisme semble un bel espoir et une manne financière salutaire pour les Inuits afin de perpétuer une culture groenlandaise en pleine transition.

Crédits photos : © Laurentiu Lordache © Vadim Nefedov  © Photographer London

Randonnées en traîneaux à chiens

Pour rentabiliser leurs équipements traditionnels de chasse et profiter de la manne touristique, les Inuits proposent aux touristes de plus en plus nombreux au Groenland des balades en traîneaux à chiens.

Randonnées en traîneaux à chiens Inuits du Groenland

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18/08/2024

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Rencontre avec les Inuits du Groenland

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